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DE MASSILLON 255 un mot, a laissé de l'illustre personnage un portrait aussi vivement, aussi fortement et nettement dessiné que les plus fameux de son immortelle galerie. Les ombres y sont trop noires, les irrégularités de la physionomie trop accentuées; mais la ressemblance est enlevée de main d'ouvrier. Nous nous proposons dff reste, en comparant l'historien au pané- gyriste, de juger de quel côté la sincérité l'emporte. « Il peut être considéré comme le dernier grand seigneur qui ait été en France, dit l'illustre auteur des Mémoires. Il commandait dans Lyon et dans tout le gouvernement avec une pleine autorité, sans inspection de personne et rien ne s'y faisait que par lui. Il avait un grand équipage de chasse, et devenu aveugle à la fin de sa vie, il allait encore à la chasse à cheval entre deux écuyers. Il vivait magnifiquement, tout tremblait sous lui, les villes, les troupes, jusqu'à l'intendant. « C'était un petit prestolet, à mine de curé de village, aussi haut que son frère était bas, qui le menait à la baguette et son neveu au bâton, qui avait plus d'esprit et de sens encore que son frère, fut peu archevêque et moins commandant que roi de ces provinces qu'il ne quittait presque jamais (31). » avait succédé au marquis de Saint-Chamond son père. Péricaud : Notes et documents pour servir à T histoire de Lyon, depuis la mort de Louis XIII jusqu'au mariage de Louis XIV. (31) Saint-Simon. Mémoires. Edit. des grands Ecrivains de France. Addition à Dangeau, 1" juin 1693, t. IV, p. 251. Saint-Simon dit ailleurs (t. II, p. 402) : Son frère (du premier ma- réchal de Villeroy) l'archevêque était encore un plus habile homme que lui et n'avait pas sa bassesse. Et encore (t. IV, p. 370) : La faveur et la souplesse de son fils, le maréchal de Villeroy, l'y maintint (dans la province) plus encore le commandement en chef qu'y eut toute sa vie l'archevêque de Lyon, père du maréchal, qui s'y rendit le maître despotique de tout.