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2ûé                A LA SALLE DE DANSE

dis-je, il me semble que je connais cette écriture, mais vai-
nement cherchai-je dans mes souvenirs :

   « Eh quoi ! ce n'est pas possible ! Le souvenir d'Adrienne
n'a pas complètement disparu de votre mémoire ! Elle,
elle ne vous a jamais oublié. Venez encore la voir une fois.
Vous lui avez jadis donné bien des joies; donnez-lui encore
celle-là. »

  Suivaient la rue et le numéro.


                             *
                            * *


   La lettre qui, trente ans auparavant, m'avait annoncé
son départ, ne m'avait pas remué davantage. Je courus
chez elle. Par quel étrange oubli ne pensai-je point aux
années écoulées ? J'avais une Adrienne dans mon souvenir.
Je la voyais. Je n'en pouvais imaginer d'autre. Quand nous
revoyons en rêve nos chers morts, enfouis depuis longues
années dans la terre, les revoyons-nous plus vieux qu'ils
n'étaient quand ils nous ont quittés?

                             *
                            * *

   Je sonnai. Une énorme femme, le visage couperosé,
l'abdomen grossi démesurément, vint m'ouvrir. Je crus
que c'était une domestique, une femme de ménage, et
demandai hâtivement : — Mlle Adrienne, je vous prie.
   — Ah, mon Dieu, cria-t-elle en fondant en larmes, il ne
me reconnaît pas !