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202                A LA SALLE DE DANSE

que son caractère changea petit à petit. Elle devenait rê-
veuse, mélancolique, facilement attendrie.
   Quel était votre but, me dira-t-on ? — Mais aucun, que
de l'aimer. — En faire ma maîtresse ? — Non certes ! Elle
était sage, je la respectais, et pourtant, rien que le frôle-
ment de ses cheveux me faisait tressaillir des pieds à la
tête ! Je ne sais si jamais j'aurais pu l'amener à se livrer.
Possible, à la longue, mais je me serais méprisé, et peut-
être elle avec moi. — L'épouser? —Je savais que je n'y
pouvais penser. Elle n'y pensait pas davantage. — J'étais
heureux; je crois qu'elle était heureuse de mon amour.
N'est-ce donc point assez?         Quant au lendemain, nous
n'y avions jamais songé jusque-là, moi du moins.



                            * *


  Ses parents, qui s'étaient aperçus de la chose, commen-
cèrent à me battre froid, si froid que je compris que je ne
pouvais retourner chez eux. Nous nous voyions en secret,
nous nous écrivions. Seulement elle était chaque jour
de plus en plus triste. A mesure que nous nous aimions
davantage, nous devenions plus malheureux




   Je ne m'attendais à rien, lorsqu'un matin, je reçus cette
lettre :