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A LA SALLE DE DANSE 201 comme bien s'accorde. Petit à petit se tressaient entre nous ces mille liens, toile invisible d'une fée toute puis- sante, non moins légers et non moins solides que ceux desquels le jaloux Vulcain enserra Mars, son odieux rival, et Cypris aux boucles d'or. — Mais il y a cette différence que je ne demandais pas du tout à les rompre ! * * J'allais acheter force papillotes chez Randin. Je les pre- nais par demi-quart, pour en avoir pour plus de fois de mon argent. J'épiais les sorties, les rentrées. J'offrais mon bras, qu'on refusait d'abord, qu'on acceptait ensuite. Nous allions dans quelque rue détournée. On se promenait len- tement. On se quittait, un peu tristes, et les mains se ser- raient longuement, doucement Petit à petit l'on s'ai- mait, puis davantage, puis tout à fait puis, puis, qu'a- jouter?... Comment, à quelle occasion, lui dis-je que je l'aimais ? — Je suis sincère en affirmant que je n'en sais absolument rien. J'ai toujours admiré ceux qui font « des déclarations ». Moi, d'en faire une, j'en aurais eu honte à mourir. Encore aujourd'hui, au théâtre, quand je vois un jeune premier qui étudie sa pose et se met à genoux pour « pous- ser sa déclaration », je ne puis réprimer une forte envie de rire. — Fameux benêts, qui ont besoin de parler pour se faire comprendre ! Elle était douce, très bonne; naturellement rieuse, du bon rire de la santé épanouie. Je ne sais comment il se fit