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i88                  LES DÉBUTS ORATOIRES

   Cette date du 3 juin 1693 est donc à retenir; il nous
paraît très probable de fixer à ce jour-là le sermon de la
bénédiction des drapeaux; nous le regardons comme la
première des œuvres que nous possédions de l'illustre auteur
du Petit-Carême.
   On a indiqué l'année 1701, au début de la guerre de la
succession d'Espagne. Voici des raisons sérieuses et indé-
niables qui écartent cette supposition.
   En 1701 le P. Massillon prêche le carême à la cour ; par
deux lettres de lui adressées à l'abbé de Louvois, sa pré-
sence est certaine à Paris durant le mois de janvier ; la
station s'ouvre le 2 février, fête de la Présentation et se
poursuit jusqu'à Pâques, 27 mars.
   Pendant que le prédicateur royal parle dans la chapelle
de Versailles, les belligérants sont déjà en présence sur les
bords de l'Adige et les régiments dans leurs campements.
Catinat, arrivé à Milan dès le 7 avril, prend le comman-
dement de l'armée, mais sous les ordres du duc de Savoie,
nommé généralissime ; moins de trois mois plus tard, après
la défaite de Carpi, la disgrâce du maréchal est publique et
son remplacement par le maréchal de Villeroy officiel. Les
éloges de l'orateur cessent même d'être possibles.
   Un doute nous reste toutefois et nous ne voulons pas
dissimuler notre embarras : « Je parle, » dit le sermon-
naire, « sous l'autel même de l'Agneau qui est venu puri-
fier le ciel et la terre, dans un temple consacré au chef
d'une légion sainte qui sut préférer le culte de Jésus-Christ

Grammont se souvint du reste de l'oratorien et une délicieuse lettre de
Mme de Coulanges raconte leur admiration commune pour un panégy-
rique de sainte Madeleine, prononcé aux Carmélites, en 1704. Voir
Lettres de Mme de Sévigné. Edit. des grands écrivains de France, t. X.
Saint-Simon. Édit. Chéruel, t. V, p. 473; t. VI, p. 257.