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                            ET LE DIEU LUG                        173
surnommé Hannonus, était originaire d'Uxama, comme
nous l'apprend son épitaphe trouvée à Ségovie, autre ville
des Arevaci (12). Luguadicus est dérivé de Lugus, comme
Dionysius de Dionysos et comme Apollonius d'Apollo. Ce
surnom suffit pour attester l'importance du culte de Lugus
à Uxama. Pourquoi ce dieu se trouvait-il être le patron des
cordonniers? C'est qu'en sa qualité d'inventeur de tous les
arts et tous les métiers, il était le dieu de tous les corps
d'état. Un texte irlandais, dont nous reparlerons plus bas,
établit, d'accord avec César, ce caractère pour ainsi dire
universel, des attributions de Lugus; et cette universalité
explique peut-être pourquoi, en Gaule et en Espagne, on
aura imaginé plusieurs Lugoves. M. Allmer dit que les
Lugoves étaient des Génies ; il ne fait pas attention qu'en
s'exprimant ainsi, il se sert d'un mot latin; il exprime une
idée romaine, sans avoir prouvé que la même idée existât
dans la mythologie celtique. On a prétendu qu'au xvie siè-
cle, certains érudits, à force de vivre dans le commerce
exclusif des auteurs de l'antiquité classique, étaient arrivés
à croire aux dieux de la Grèce et de Rome. En se servant
du mot génie, M. Allmer croit-il exprimer un phénomène
objectif? Non, certainement. Il sait donc qu'il parle d'une
conception romaine ; il veut dire, que suivant lui, les
Lugoves étaient, aux yeux des Romains, ce que les Romains
appelaient des Génies. Se suit-il de là qu'il en fût ainsi dans
la religion des Gaulois et même que la conception romaine
du Génie fit partie des fictions dont se composait la mytho-
logie celtique ? M. Allmer raisonne à peu près comme ferait
quelqu'un qui, après avoir lu certains documents chrétiens
où les dieux des païens sont traités de démons, attribuerait


  (1.1) Coi-pus, t. II, n > 2732 ; cf. Pline, 1. III, § 19, 27.
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