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CROQUIS NIÇOIS I43 Jouera-t-on rouge ou noir? Pair ou impair? Passe ou manque?Numéro plein ou à cheval ? Sur quelle douzaine? Sur quelle transversale ? Les uns écoutent l'inspiration du moment, d'autres consultent de petits cartons où ils ont consigné les résultats de chaque coup, et on les voit calcu- ler, d'après certaines règles que je me réjouis de ne pas connaître, combiner, établir des moyennes, tenir compte de leurs superstitions s'ils sont russes ou italiens, et finale- ment perdre. Il y a en moyenne 4 ou 5 gagnants sur 50 joueurs, et les râteaux inexorables des croupiers ramassent à chaque coup des sommes considérables. Les 400,000 visiteurs, que reçoit chaque année Monte- Carlo, laissent sur le tapis vert de 17 à 20 millions. M. Blanc affirmait ceci : « Quiconque a gagné une fois à la roulette sera ruiné un jour; quiconque a fait sauter la banque se fera plus tard sauter la cervelle. » Brr ! cela fait froid dans le dos ! Défense est faite aux Monégasques de jouer. Les étran- gers sont seuls admis à se faire plumer, et peu s'en dispen- sent, depuis le joueur de profession qui vient périodique- ment, jusqu'à celui qui ne veut pas s'en retourner, sans avoir tenté la veine au moins une fois. Il faut dire, à la louange de l'administration des jeux, qu'elle rapatrie les décavés. Il arrive parfois que deux joueurs s'attribuent le gain d'une mise qu'ils affirment mutuellement être la leur. Si le cas ne peut être éclairci, l'inspecteur de service clôt la dis- cussion, en considérant les deux joueurs comme deux ga- gnants. Cette année, il s'est présenté un cas peut-être unique : A une table de trente et quarante (il y en a 2, et 4 pour la