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SUR LA FONTAINE DES JACOBINS III
T . Desjardins, alors architecte de la ville, eut à réaliser
cet ingénieux programme. Son projet y répondait aussi
bien que possible, mais il ne fut exécuté qu'après avoir été
rogné par une commission d'examen, qui crut bien faire en
réduisant la plateforme projetée, juste assez pour qu'elle ne
pût plus constituer un promenoir à l'intérieur, mais trop
peu pour laisser un promenoir à l'extérieur. — C'était
l'idéal du poivre et sel.
Les critiques abondèrent avant même qu'on découvrît
l'ouvrage. Les passions politiques étant d'ailleurs, à ce mo-
ment, fort surexcitées, on n'osa plus ériger la statue ( 4 ) .
Vint 1870, et le monument déplaisant à beaucoup, non
pas même à cause de la statue, qui n'y était pas, mais seu-
lement parce qu'elle avait dû y être, fut, par surcroît, pris
en grippe par les marchands de la place qui lui reprochaient
d'obstruer la perspective de leurs magasins, d'un côté de la
place à l'autre. Us crièrent tant et si fort, que l'administra-
tion consentit à enlever la plateforme aux quatre fontaines
et décida de la transporter sur la place Perrache, où nous
la voyons maintenant.
Pour nous, qui n'avons pu la juger sur son premier
emplacement, nous la trouvons dans un rapport très heu-
reux avec l'espace qui lui fut ensuite donné, et nous ren-
dons justice, sans restriction, au talent de l'auteur. Elle a
fort bon air, en effet, surtout depuis qu'un monument, trop
longtemps attendu, en garnit le centre et remplace la
macédoine de légumes qui fit, pendant si longtemps, l'ad-
(4) Cette statue fut déposée dans l'entrepôt de la douane. Peut-être
l'y découvrirait-on encore (?). Elle était l'ouvrage le moins réussi du
sculpteur Bonnet, auquel notre ville doit, entre autres œuvres remar-
quables, les quatre cariatides de l'horloge nord du Palais du commerce.