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110                 NOTES HISTORIQUES

nage, le sieur Danton, que celui-ci légua à la ville de Lyon
une somme importante pour édifier, au lieu et place de
la pompe exécrée, une fontaine monumentale qui, dit-il
expressément, permettra aux habitants du quartier de s'appro-
visionner, à toute heure du jour, d'eau jaillissante.
   La ville accepta le legs, mais n'accomplit pas immédia-
tement la condition. Elle remplaça tout d'abord la pompe
par une fontaine de commerce, qui finissait de se rouiller,
il y a quelque trente ans, sur l'une des places de Vaise.
Puis, un préfet du second Empire, songeant à la somme
laissée sans emploi et déjà grossie d'intérêts réjouissants,
eut l'idée, toute préfectorale, de s'en servir pour construire
un monument à la gloire de son prédécesseur.
   L'idée d'élever une fontaine au préfet Vaïsse pouvait se
justifier. Il avait doté la ville de sa première distribution
d'eau, et poussé le sentiment exquis de la propreté jusqu'à
obliger la Compagnie à filtrer scrupuleusement le liquide
destiné à l'arrosage de nos quais et aux chasses de nos
égouts. Mais, si l'idée était bonne, le programme manqua
de netteté. Entre la crainte de commettre un haut fonc-
tionnaire avec des tritons et celle des revendications des
héritiers Danton, les bureaux de l'étiquette et du conten-
tieux réunis imaginèrent un monument mixte, poivre et
sel. Le préfet occuperait le centre d'une plateforme sur un
piédestal sec, et quatre fontaines orneraient le pourtour, à
 distance respectueuse, le tout ne formant, bien entendu,
 qu'un monument unique, grâce à l'exhaussement de la
plateforme au-dessus de la place.