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86 LE 'COMMERCE LYONNAIS on donna aussi des privilèges. Les Italiens, n'arrivant plus comme autrefois-à faire des fortunes colossales en quelques années, se retirèrent et les commerçants français restèrent à la tète de la laborieuse cité. Nous allons tâcher d'étudier le commerce de Lyon par rapport aux marchandises exportées et aux pays d'expor- tation . Un petit nombre seulement des négociants lyonnais en- voyaient directement leurs marchandises en Espagne. Les autres se servaient de l'entremise des Italiens et surtout des Génois. Ce commerce, très important, s'étendait jusqu'aux Indes espagnoles; il comprenait des envois de dorures, de draperies de qualités médiocres, de toiles, de futailles, de safran, de papier. On recevait en échange des laines, des soies, des drogues pour la teinture, des piastres et des lin- gots d'or et d'argent. Ce n'est que par le moyen des échanges qu'on pouvait tirer d'Espagne l'or et l'argent qui manquaient en France. Celle-ci, d'ailleurs, trouvait à faire le commerce avec la péninsule espagnole beaucoup plus de difficultés que les Anglais, les Hollandais et les Génois, et cela pour trois raisons : d'abord une jalousie naturelle entre les deux na- tions rivales, les portait à peu de confiance l'une pour l'autre; ensuite la continuelle présence à Cadix de vais- seaux anglais et hollandais, la facilité d'y transporter direc- tement des navires espagnols les métaux précieux que ceux- ci apportaient, permettaient une avance considérable sur la France; de plus, en Angleterre, en Hollande et à Gênes, il était permis d'exporter l'or en barre, et les Espagnols pré- féraient l'y envoyer, sûrs qu'ils étaient toujours d'en pou- voir disposer, s'ils y trouvaient par hasard plus de profit. Quant aux Indes espagnoles, grâce à la Jamaïque et à Curaçao, les Anglais et les Hollandais y étaient pour ainsi