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               DE L'ENFANT PRODIGUE



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Dans son affliction, sur sa vie ancienne
Il fil, en s'accusant, un retour attristé :

« Malheur a moi! » dit-il. A quelle extrémité
Me livre en ce pays la honteuse misère,
Tandis qu'auprès des miens, au foyer de mon père,
Le moindre travailleur, abrité décemment,
Partage h ses repas un pain de pur froment,
Sans connaître le froid, le dènûment, la crainte!
C'est trop longtemps souffrir leur douloureuse étreinte.
Levons-nous et partons ! Fi du respect humain !
Partons dès aujourd'hui. N'attendons pas demain.
Partons! J'irai trouver ce vieillard qu'on révère,
Mon père, et, le front bas, je lui dirai : « Mon père,
« J'ai failli contre Dieu, devant vous j'ai failli!
« Je ne mérite plus, par la honte avili,
« De porter votre nom que j'ai souillé. De grâce,
« Parmi vos serviteurs laissez-moi prendre place ! »


// se lève... Il se taille un bâton à sa main.
Il part. Sans s'arrêter il poursuit son chemin.
Il revoit le pays aimé de sa jeunesse.
Il approche, troublé de crainte et de tendresse,
Et, de loin, un vieillard, voyant ce voyageur,
S'émeut, et de pitié sent tressaillir son cœur.


Eh quoi ! Ce mendiant, c'est son fils ! Il s'empresse,
Le nomme par son nom, et dans ses bras le presse.