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                    LA PARABOLE

Ce bon père en gémit, mais il fit le partage.
Le jeune homme, investi de sa part d'héritage,
Las d'une vie étroite et d'un bonheur certain,
S'en alla voyager dans un pays lointain.

Les heures apportaient, en leur course rapide,
A ce jeune imprudent de nouveautés avide,
Dans un milieu bruyant plein de séductions,
L'ivresse des plaisirs et des tentations.
Il céda. L'ignorance et la coupable joie
Au fol entraînement le livrèrent en proie.
La raison lui parlait sans qu'il écoutât rien.


Or, quand il cul détruit, en débauches, son bien,
Et quand il eut, vidant par les chemins sa bourse,
Epuisé, consumé sa dernière ressource,
La famine envahit les champs et la cité.
Les amis, oublieux dans la nécessité,
Ne lui tendirent point une main tutèlaire.
Pauvre et seul, il erra sans abri, sans salaire,
Si dénué de tout, si misérable enfin,
Qu'il dut, pour échapper aux rigueurs de la faim,
Abaisser son orgueil jusqu'au plus humble office,
Bien heureux qu'un porcher le prit à son service.
Quoique son amour-propre en subit mille assauts,
Il s'estimait content de garder les pourceaux,
Content de disputer, dans la forêt prochaine,
Au troupeau qu'il suivait, les glands tombés du chêne.
Sa misère enviait jusqu'aux débris sans noms
Mesurés à la faim de ses vils compagnons,
Et qu'une avare main refusait à la sienne.