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AU PARLEMENT DE PARIS 27 fait Lemaistre lui-même, lorsqu'il recommande en latin de ne pas parler latin. Ornate. Pour mieux obéir à ce précepte, l'avocat Cham- bellan, dont on a déjà parlé, ne se bornait pas au latin. Dans un de ses plaidoyers, il cite en grec l'un des premiers vers de l'Odyssée ; et un peu plus loin, il fait mieux encore : il donne le texte hébreux d'un passage de la Bible. On peut même se demander auquel de ces deux préceptes vere ou ornate certains avocats entendent se conformer, tant ils mélangent la poésie avec l'histoire. S'agit-il, en effet, d'ex- pliquer l'établissement des Francs en Gaule, Lemaistre « précise les faits et en fixe les dates. Il connaît et indique les sources, qui pour lui se réduisent au roman de Brut, à l'aide duquel il fait l'histoire des premiers rois de France, depuis Agrimpus, qui vivait au temps du grand-prêtre Héli, jusqu'à Marcomir, fils de Priam, proclamé duc par les Parisiens » ( i ) . Dans une autre circonstance, l'avocat Chambellan, recherchant l'origine de la loi salique, la trouve au livre de Job. Il en conclut que l'exclusion des filles de,l'héritage paternel n'est pas seulement un principe de droit public, elle est aussi un principe de droit divin, de jure divino. Un autre avocat, plaidant pour les Universités de Paris, d'Or- léans et d'Angers, qui attaquaient la fondation de celle de Bourges en 1464, prouvait que la création d'universités nouvelles était interdite par ce texte de l'Ecriture : non con- gregabo conventîcula... de sanguinibus (2). On a quelquefois comparé les plaidoiries des siècles passés à des sermons : on ne s'est pas toujours trompé. (1) P. 249. (2) Psal. xv, 4.