page suivante »
28 LES AVOCATS * * Une si belle éloquence ne pouvait manquer d'être conve- nablement récompensée. Un grand nombre d'avocats font des gains considérables. Au xive siècle, G. du Brùeil est plusieurs fois millionnaire, et Regnaut d'Acy gagne, par an, quatre mille florins, ce qui équivaut à plus de deux cent mille francs de notre monnaie. Les honneurs viennent souvent se joindre aux richesses. Le Parlement se montre pour les avocats plein de déférence. Il fait appel à leur expérience et leur demande des conseils. Souvent même des avocats deviennent conseillers. Enfin, si le barreau ne confère pas la noblesse, s'il ne constitue pas, comme on l'a soutenu à tort, une chevalerie es lois, les nobles peuvent du moins y entrer sans déroger. Aussi un poète s'écrie-t-il : « Il est vray cora patenostre, Qu'il n'est tel estât cora le vostre. » On est allé plus loin encore. Au xve siècle, Thibaut Artaud estime que l'état d'avocat est un état de vie par- faite, parce qu'il fait, ce dont on ne se doutait guère, régner la paix parmi les hommes. Il aurait pu ajouter que tous les hommes étant appelés à la vie parfaite, tous devraient se faire avocats. Il ne va pas jusque-là et se contente d'affirmer que le titre d'avocat est l'un des plus glorieux qu'un homme puisse porter, et cela, parce qu'il est donné au Christ : « Nos habemus advocalum Jesum Christum » et à la Vierge : « Eia ergo advocala nostra. » Cet état de vie parfaite ne laissait pas d'avoir quelques épines. Un avocat pensionnaire pouvait craindre d'être supplanté, lorsqu'une municipalité tombait par exemple