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24                      LES AVOCATS

le bâton du Saint, et le bâtonnier fut le premier dignitaire
de la confrérie avant de devenir le premier chef de l'Ordre.
On disait tous les jours, au Palais, une messe pour la con-
frérie. Mais les stagiaires n'y venaient sans doute pas tou-
jours, et peut-être croyait-on déjà trop que la religion n'est
bonne qu'à l'église.
    Le stagiaire a enfin conquis le droit de plaider. Mais
comme il est encore peu connu, il lui arrive parfois d'aller
chercher le client au lieu de l'attendre. Le Parlement a beau
le lui interdire, la défense doit être souvent renouvelée.
N'a-t-il pas d'ailleurs à compter avec des agents d'affaires,
appelés solliciteurs, qui disposent plus ou moins des procès,
qui les donnent ou les enlèvent, et avec le nombre crois-
sant de ses collègues, car s'il y avait seulement cinquante
 avocats au commencement du xive siècle, il y en a plus de
 quatre cents à la fin du xvie? Peut-il également plaider
 toutes les causes, les mauvaises comme les bonnes ? La
 conscience s'obscurcit facilement lorsqu'elle est aux prises
 avec l'intérêt. N'allait-on pas jusqu'à soutenir qu'un avo-
 cat faisait preuve de toute son habileté, en gagnant une
 mauvaise cause, comme un médecin, en guérissant une
 maladie désespérée ?
    Le voilà enfin arrivé. Moyennant une rétribution fixe et
 annuelle, il est peut-être devenu Yavocat pensionnaire d'une
grande famille ou d'une ville importante. A la fin du xive
 siècle, par exemple, le célèbre Pierre l'Orfèvre est avocat
 pensionnaire de la ville de Lyon, et reçoit, en cette qualité,
 la somme de dix francs par an. L'avocat se lève alors
 de bonne heure. A la fin du xve siècle, dans les prerciers
 jours de mars, quand Paris est encore dans le brouillard,
 la neige et l'obscurité, l'un d'eux, Chambellan, trouve tout
 naturel que ses clients lui envoient des articles, à cinq heu-
 res du matin, en le priant de les examiner avant de venir