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                  AU PARLEMENT DE PARIS                   2$

 au Palais. M. Delachenal l'aurait peut-être moins admiré,
 s'il avait vu l'escalier et même l'antichambre d'un célèbre
 avocat de notre ville de Lyon, mort il y a peu d'années, se
remplir avant jour de plaideurs et de plaideuses.
    Les conseillers, d'ailleurs, ne le cédaient guère aux avo-
cats. Leur rentrée avait lieu le 12 novembre, le lendemain
de la Saint-Martin, et leur messe du Saint-Esprit était célé-
brée, ce jour-là, entre six et sept heures du matin. Les
audiences commençaient donc habituellement au moins à
six heures. Un règlement de 1340 recommande, en outre,
aux avocats, de venir au Palais de très bon matin ; les con-
seillers devaient s'y trouver évidemment. Quoi qu'il en soit,
les jurisconsultes du temps ne se lassent pas de répéter que
la paresse est inconciliable avec la profession d'avocat.
Hélas ! tout dégénère, car un siècle plus tard, on ne plaide
déjà plus avant sept heures; et un esprit morose fait même
observer que les audiences finissent avec encore plus
d'exactitude qu'elles ne commencent. Quand l'heure vient
à sonner, tout est suspendu, et le greffier clôt son procès-
verbal par cette phrase, éloquente dans sa simplicité : « Icy
a sonné l'heure. »
    Mais si la plaidoirie est souvent interrompue par l'hor-
loge impitoyable, elle se déploie avec ampleur pendant l'au-
dience. Cette ampleur devient même de la prolixité, et les
mercuriales du xvie siècle croient déjà devoir s'en plaindre.
Elles ramènent d'ailleurs à trois chefs principaux les devoirs
imposés aux avocats : « Ut vere, breviter et omette dicanl. »

   Vere. On l'oubliait quelquefois, lorsqu'on rivalisait avec
les médecins, en plaidant les cas désespérés. « Les avocats
du Parlement excellent, d'ailleurs, à expliquer les choses,
en apparence les plus choquantes, d'une façon ingénieuse
et fort piquante, par la naïveté qu'elle suppose, non chez