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l8                  NOUVELLE INTERPRÉTATION
ment, dit M. d'Arbois de Jubainville, que « la forme nou-
« velle d'un usage plus ancien. Avant de se réunir, tous
« les ans, le I er août, à Lugu-dunum, en l'honneur d'Au-
« guste, les Gaulois s'y étaient longtemps, sans doute,
« réunis tous les ans, à la même date, en l'honneur de Lugus
« ou Lug, comme le faisaient les Irlandais à Taltiu ( i ) . »
   N'y aurait-il donc là qu'une simple coïncidence? Avouons
d'abord qu'elle serait déjà bien extraordinaire. Mais que
dira-t-on de cet autre fait, qui nous est révélé par trois ins-
criptions de notre Musée lapidaire ? Non seulement la grande
assemblée annuelle de la Gaule a lieu, le I er août, à Lyon,
mais un temple avait été élevé, dans notre ville, sous le
règne de Tibère, aux divinités réunies d'Auguste et de Mer-
cure {Mercurio Augusto) (2).
   Or, si le Mercure gaulois n'eût pas été l'ancienne divinité
protectrice de Lugdunum, comprendrait-on que le culte
du prince, déifié par l'apothéose, eût été associé, de pré-
férence, à celui d'un dieu qui n'occupait qu'un rang secon-
daire dans le Panthéon romain ? Mais si, au contraire, Lyon
était la ville de Mercure, tout s'explique naturellement et
nous retrouvons, encore ici, une nouvelle preuve du res-
pect des Romains pour les coutumes et les traditions reli-
gieuses des peuples soumis à leur domination et de l'habi-
leté avec laquelle ils savaient les habituer, par une tran-
sition ménagée sans violence, à un culte et à des usages
nouveaux.

   (1) D'Arbois de Jubainville : Introduction à l'étude de la littérature celti'
que. I, p. 215. Le Cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique,
p. 138, 139 et 304. — V. aussi le rapport fait par M. Henri Martin
dans la séance de l'Académie des sciences morales et politiques du
19 juin 1880 (Journal officiel du 24 juin 1880 )
  (2) Musée lapidaire de la ville de I^on, no 719, 720 et 721. — Du-
ruy, Histoire des Romains. IV, p. 131.