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                      DU NOM DE LUGDUNUM                              I9

                                    •X

                                  * *

     Reste l'objection tirée de la légende rapportée dans le
 livre des Fleuves du pseudo-Plutarque et voici, à cet égard,
 la réponse de M. d'Arbois de Jubainville : « La vérité est
  « probablement que dans le récit légendaire gaulois, auquel
  « ce texte renvoie, il était question d'une apparition d'oi-
  « seaux et que dans la croyance gauloise ces oiseaux
  « étaient une manifestation du dieu Lugus (1). »
     Soit. Mais n'oublions pas que les partisans de la mon-
  tagne des corbeaux font volontiers bon marché de cette^ fable,
  pour s'attacher seulement aux données archéologiques four-
  nies par les monuments d'un caractère officiel, dont nous
  avons déjà parlé et sur lesquels figure l'image d'un corbeau
  à côté de l'effigie du génie de Lyon. Or, réduite à ces
  termes, la question se simplifie grandement et la concilia-
  tion devient facile entre les deux opinions.
     Si, en effet, la chouette était l'oiseau de Minerve, le
  paon celui de Junon et la colombe celui de Vénus, pour-
  quoi le corbeau ne pourrait-il pas être l'oiseau consacré au
  dieu Lug? Pourquoi aussi le génie de Lyon, que nous
. voyons figuré sur ces monuments, une haste d'une main et
  une corne d'abondance de l'autre, ne serait-il pas la divi-
  nité protectrice des arts et du commerce, dont notre
  ville portait le nom ?
     Assurément, nous ne devons pas être plus étonné de
  retrouver ici la figure d'un corbeau que de voir représenté
  l'oiseau de Minerve sur les médailles d'Athènes. Et si, con-
  formément aux usages des peuples anciens, Athènes avait
    (1) D'Arbois de Jubainville. Le Cycle mythologique irlandais ,et la my-
 thologie celtique, p. 381. — E. Desjardins. Géographie de la Gaule romaine.
 III. 295.