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10                 NOUVELLE INTERPRÉTATION
   Mais c'est au sujet de l'interprétation du mot lug que la
difficulté s'élève. On ne compte pas moins de seize opi-
nions sur ce point. Pourtant, des divers systèmes, proposés
par nos historiens pour résoudre ce problème étymologique,
la plupart sont indignes d'un examen sérieux et il n'en est
guère que trois qui méritent d'appeler l'attention des érudits.


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   Le premier et le plus ancien, adopté par le P. Menestrier
dans son Histoire civile et consulaire de la ville de Lyon,
s'appuie sur un passage du traité des Fleuves de Plutarque,
pour soutenir que Lugdunum signifie la montagne des cor-
beaux. D'après ce dernier auteur, deux princes du pays des
Tectosages (i), Momorus et Atépomarus, chassés de leur
royaume, se réfugièrent au confluent du Rhône et de la
Saône, où, sur l'indication d'un oracle, ils entreprirent de
bâtir une ville sur la montagne : « Ils en avaient déjà tracé
« l'enceinte, lorsque des corbeaux, dirigeant leur vol de ce
« côté, se posèrent sur les arbres d'alentour, et, comme
« Momorus était très versé dans la science des augures, il
« donna à la ville le nom de Lugdunum, parce que lugus,
« dans le langage du pays, signifie corbeau, et dunum, mon-
« tagne ou lieu élevé (2). »
   Malgré l'autorité qui s'attache à un texte aussi formel,
d'après lequel la fondation de Lyon remonterait au W siè-
cle avant notre ère, ce récit n'en a pas " moins paru fort

  (1) E. Desjardins. Géographie de la Gaule romaine, II, 223.
  (2) Defluviis. Pseudo-Plutarque. V. édit. Didot. Plutarchi fragmenta,
p. 8$.