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                     DU NOM DE LUGDUNUM                            II
 suspect à beaucoup d'érudits. Le traité des Fleuves, dans
 lequel figure cette légende, a été emprunté à un ancien
 géographe, Clitophon, dont les ouvrages sont aujourd'hui
 perdus, et on ne le trouve pas dans plusieurs des éditions
 anciennes des Å“uvres de Plutarque.
    D'autre part, comme le nom de Lugdunum était porté, en
 Gaule, par plusieurs autres villes, notamment Saint-Ber-
 trand de Comminges (Lugdunum Convenarunï). Laon (Lug-
 dunum Clavatum) et Leyde (Lugdunum Batavorum), si
 notre ville devait son nom à une apparition de corbeaux,
 le même fait merveilleux devrait se rencontrer dans l'his-
 toire de la fondation de tous les autres Lugdunum, ce qui
 est tout à fait inadmissible.
    Aussi les partisans de ce système reconnaissent-ils volon-
 tiers que cette légende est fabuleuse ( i ) , et, pour soutenir
 que le nom de Lugdunum signifie montagne des corbeaux, se
 bornent-ils à invoquer des considérations purement archéo-
 logiques. Ainsi, on a cru reconnaître la tête d'un corbeau
 sur un grand bronze de Lyon aux têtes adossées de César
 et d'Octavien, frappé entre les années 31 et 27 avant notre
 ère. Un corbeau figure aussi, voltigeant au-dessus d'un lion
 couché, sur un plomb de la douane romaine de Lyon, trouvé
 dans la Saône et faisant partie de la collection de M. Réca-
 mier. Un corbeau très nettement dessiné, et qu'il est im-
possible de confondre avec un aigle, est aussi représenté
 sur un médaillon en poterie sigillée de la même collection,
 en face du génie de Lyon, figuré debout et tenant une
 corne d'abondance de la main gauche (2). Enfin, un denier


   (1) « Cette légende merveilleuse n'est assurément rien de plus qu'une
fable. » (Allmer. Revue épigraphique du Midi de la France, no 35, p. 144.)
   (2) E. Desjardins. Géographie de la Gaule romaine, III, 73. — Duruy.
Hist. des Romains, III, 453.