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BIBLIOGRAPHIE DU ROLE HISTORIQUE DES OIES. ESSAI PHILOLOGIQUE SUR LES ORIGINES GAULOISES DE QUELQUES VILLES, p a r l e R. P . BACH; extrait des mémoires de la Société d'archéologie de la Moselle, 1864. Cette dissertation, qui contient des idées neuves, —au moins pour moi,— me semble mériter l'attention. L'auteur débute en si- gnalant l'importance du rôle que les oies ont joué clans l'histoire du monde. Il se demande ce qui serait advenu si les oies, à dé- faut de clairons, n'eussent pas réveillé les défenseurs du Capi- tule ? Le druidisme s'établissait en Italie, « on n'aurait eu ni César, ni Pompée , ni les Empereurs ; l'histoire du monde était changée. » Dès lors, les oies eurent à Rome une espèce de culte, et prirent ensuite une large place dans les jouissances gastrono- miques. Les oies sauvages se virent environnées d'une grande estime, et il s'ensuivit un commerce considérable. La Gaule, couverte de forêts et de marécages , offrait à ces palmipèdes de passage des stations extrêmement favorables. Les Gaulois mirent à .profit l'abondance de cette proie , car ils connaissaient l'époque du voyage des oies et les marais qu'elles choisissaient pour leur sé- jour. Ils construisirent donc des cabanes dans le voisinage de ces stations , et le butin était préparé , salé ou desséché à la fumée. De là vint la spécialité commerciale de plusieurs cantons, et des villes aujourd'hui florissantes n'ont pas eu d'autre origine. Le nom de l'oie sauvage des Gaules, d'après Pline, était ganta. D'autres écrivains ont modifié ce mot dans sa déclinaison et ont dit gans, gantis. Le nom gaulois était au singulier kân ou kên, et pour le pluriel on ajoutait la syllabe to , soit kanto ou kento. Lorsque ces mots étaient précédés de l'article ar, la consonne k s'adoucissait, et l'on prononçait arganto ou argento : le g deve- nait dur devant l'e. Le mot rat, qui signifiait passage, terminait parfois l'appellation entière, et l'on avait ar-gento-rat, passage des oies, ou ar-gento-mag, la ville des oies. Si les oies domesti- ques étaient réunies dans des pâturages humides , on employait le qualificatif noui, prairie, et l'on disait alors noui-gento, dont les Latins ont fait novigentum. Partant de cette donnée, le P. Bach entreprend de faire une géographie des oies. Stations du nord-ouest : dans le départe-