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544                 LES PATRONS DU SIR1US.

y compris la teinture des cheveux, je me dis, pardieu! qu'elles
n'ont pas tout à fait tort........


    La fuite de Marguerite fut un coup de foudre pour maître
 Lambert. La lingère lui débita un beau conte. Une marquise
anglaise — ni plus ni moins—avait emmené la pauvre jeune
fille comme demoiselle de compagnie. Excellente place,
avenir brillant. Il avait fallu partir sur l'heure, mais on écri-
rait bientôt.
   Lambert avait l'âme trop droite pour penser que l'on se
jouait de lui ; mais une chose lui brisait le cœur :
   — Partie sans m'embrasser, partie sans m'embrasser! ré-
pétait le malheureux père en se tordant les bras, que lui ai-je
donc fait?...
   Et le pauvre homme répassait dans sa mémoire les moin-
dres incidents survenus enlre safilleet lui depuis la naissance
de l'enfant. Souvent iï arrivait à cette conclusion navrante et
insensée, que tous les loris étaient de son côté. I! se reprochait
comme des énormités quelques mots brusques, quelques refus
à de petis caprices      Voilà, se disait-il, c'est ça... elle ne
pouvait pas m'aimer. D'autres fois sa raison se révoltait contre
l'absurde ; de vagues inquiétudes, des craintes confuses trou-
blaient son cerveau, semblables à ces ébauches de visions,
sans formes ni contours précis, qui passent devant les yeux au
moment où. le sommeil succède à la veille. Mais comme un
homme qui aperçoit les lèvres d'un gouffre, H se rejetait en
arrière, et sa pensée n'osait sonder l'abîme.
   Cependant une lettre de Marguerite lui rendit un peu de
tranquillité. Cette lettre confirmait le dire de la lingère et
contenait un billet de cent francs. Lambert déchiffra à grand'
peine le texte; puis il l'apprit par cœur à force de le relire.
Quant au billet, un motif dont il ne se rendait pas compte