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 tête, et qui avait en lui une forte dose de ce qui la f&it, ne
 se traînait nullement à la remorque d'aucune politique ; il
 allait droit à son but, celui d'établir la prépondérance du
 Concile. Chef de parti sincère et désintéressé, il ne se lais-
sait ébranler ni par la crainte ni par l'espérance, et montrait
 une abnégation et une indépendance qui ne manquaient ni
 de grandeur ni ne piquant contraste.
    Admirez l'effet des préventions ! L'antipathie pour la per-
sonne d'Eugène IV était, chez iEnéas Sylvius, autant que la
raison Ihéologique, un motif qui le ralliait au système de Bâle,
et celte antipathie venait de la calomnie qui accompagne
toujours les oppositions passionnées : Nec Eugenium dilige-
re poteramus, dit-il, quem lot tantique testes indignum Pon-
li/îcio dicerent(l). Il lui a rendu plus lard une éclatante jus-
 tice , dans son livre sur l'Europe , quand il l'appelle : « Un
 grand et illustre pontife » (2) et trace de lui un magnifique
 portrait. Mais bien avant cela, il avait déjà réparé son erreur
à l'endroit de cette noble figure pontificale, dans un rapport
à l'empereur Frédéric III, que Baluze a imprimé parmi ses
miscellannea (3). Ce rapport a la bonne fortune d'être à la
fois une pièce officielle et un document historique de la plus
haute importance. iEnéas Sylvius était venu à Rome à la tê-
te d'une ambassade dont le but était de mettre fin à la neu-
tralité que l'Allemagne gardait, depuis six ans, entre le pon-
tife de Bâle et Eugène IV. Il rend compte à son souverain,
dans ce rapport, des négociations à l'aide desquelles, au con-
tentement de toutes les parties intéressées, l'œuvre de la pa-
cification a été accomplie par la soumission de l'Empire au
véritable successeur de Pierre ; et commey dans les entrefai-


  (1) Bulla relractatiomim.
  (2) Magnus et Clarus pontifex.
  (3) T. 1, édition in-folio.