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448 RÉPONSE A M. SAINT-OLIVE.
Il existait autrefois h Lyon beaucoup de ces légendes ins-
crites sur les façades des maisons et qui perpétuaient la mé-
moire de quelque événement public ou de quelque aventure
privée. Je me rappelle avoir vu, étant enfant, une maison
attenante à un clos dans la grande rue de Cuires, près l'an-
cien octroi. À l'une des extrémités du mur d'eaclos était en-
châssée une pierre polie portant l'inscription suivante :
« Nunc tandem septi maturis fruclibus utar.
« Maintenant, je jouirai donc enfin des fruits mûrs de mon
« enclos. »
C'est je crois la un vrai vers de Virgile, un vers des Eglo-
gues. A l'autre bout du môme mur était scellée une autre
pierre où se voyaient gravés ces mots : (.(Non levi de causa. »
Traduction libre : « Et cela pour de bonnes raisons. »
Ces mots étaient le répons k Xantienne formée par le vers
virgilien.
Qui avait motivé cette explosion de joie d'un propriétaire
satisfait? Je ne l'ai jamais su positivement, mais la tradition
populaire du quartier la rattachait à un grand procès qu'un
ancien maître de celte villa avait eu à soutenir contre la mu-
nicipalité ou des voisins qui prétendaient l'empêcher de se
clore. Il est présumable qu'avant le gain de ce procès, cet
honnête propriétaire avait la male-chance de voir annuelle-
ment ses fruits viclimes d'une maraude acharnée.
Sur la façade d'une vieille maison de la Gr&nde-Côte, si-
tuée à gauche, en montant, un peu avant d'arriver aux
Pierres-Plantées, on Usait encore, il y a une vingtaine d'an-
nées, celte inscription :
Non ultra pestis
1628.
Ces trois mots et cette date éternisaient le souvenir d'un
fait extrêmement intéressant pour l'histoire lyonnaise; ils