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                      BABIL LITTÉRAIRE.                     419

Tandis qu'à Paris, les auteurs les plus connus, les mieux
appréciés , osent à peine tirer à mille exemplaires les ouvra-
ges qu'ils se hasardent a faire imprimer ; quel sujet de ré-
flexions !! Aussi n'y a-t-il plus que des fils de famille ou des
rentiers qui se passent la coûteuse fantaisie de produire des
livres, ets'ils assurent parfois que ces livresparviennent aune
troisième édition, c'est qu'ils distribuent la première à leur
famille, la seconde à leurs amis, et qu'ils offrent vainement
la troisième à l'appréciation pécuniaire du public.
    La faveur toujours croissante des feuilles publiques et pé-
riodiques étant donc constatée, il nous semble convenable de
l'expliquer et de la justifier môme, en faisant senlir les divers
avantages de ce mode de publications.
    Et d'abord, qui de nous n'a pas aujourd'hui un intérêt
quelconque dans les événemenls qui surviennent ? De là le
désir tout naturel de les connaître. De plus, chacun n'a-t-il
pas en politique une opinion à soutenir, à propager, à faire
 valoir? Or, le journal qui plaide en faveur de notre manière
de voir ne nous est-il pas à peu près indispensable? Dans
sa lecture, nous trouvons non-seulement une doclrine qui
est la nôtre , mais encore des arguments en sa faveur. C'est
comme un arsenal qui nous arme de toutes pièces pour la
défense de notre opinion ; qui nous munit d'arguments pour
combattre nos adversaires; qui, lorsque nos cartouches sont
 épuisées, en verse de nouvelles dans notre giberne pour en-
 tretenir le feu de la discussion. Alors, la bouche pleine de
 phrases empruntées au premier-Genève de notre feuille fa-
 vorite, nous nous précipitons dans les débats du cercle et du
café, et le soir , notre éloquence s'y présente cuirassée des
 raisonnements trouvés le matin sous la bande de notre jour-
 nal.
    Les banquiers et les jeunes personnes commencent par la
 fin la lecture des papiers publics, absolument comme s'ils