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BABIL 11TTÉRAIRE. 417
ébranlée sous leurs coups. Aussi, que fait-elle maintenant
pour échapper au.sort désastreux qui la menace? A mesure
que s'augmente la cause de sa décadence, elle diminue ses
prétentions à des prix élevés. On trouve aujourd'hui du La-
martine, du Balzac, du George Sand a 50 centimes le volu-
me. Jamais le génie ne se vendit à si bon compte ; et malgré
cela, ces charmants petits Iivres,si exigus qu'ils soient, seraient
encore de trop, sans les paquebots transatlantiques et les
chemins de fer, derniers asiles qui leur restent : car les feuilles
publiques ne sauraient parvenir dans les uns , ni être lues
sans difficultés dans les autres, vu l'étendue de leur surface et
le déploiement intégral de leurs formidables dimensions !
La constitution politique de la Suisse y fait plus déplorable
encore le destin des livres. Le régime représentatif et le
suffrage universel rendent presque obligatoire la lecture des
feuilles périodiques ; la discussion des intérêts du pays attire
l'attention générale à ce point que l'enfance môme se pas-
sionne dans nos débats, qu'elle y prend parti, et qu'avant
peu les gamins de l'école, au sortir de l'abécédaire, appren-
dront à épeler dans le premier-Genève d'une feuille politique ,
et présenteront à leurs parents une charte pour le nouvel an
comme jadis une pièce d'écriture !
Les affiches mêmes, vertes, jaunes, rouges^ collées à tous
nos murs, sont lues par eux dans un recueillement fiévreux,
et allument dans leurs cœurs l'ardent sentiment de leurs
droits de citoyen, au grand détriment de l'accomplissement
de leurs devoirs d'écoliers. A la concurrence déjà si funeste
pour les livres, des journaux politiques, est venue s'ajouter
celle des recueils pittoresques et autres, traitant de omni re
scibili, et pouvant tenir lieu d'encyclopédie ou de bibliothè-
que ; puis , celle des recueils spéciaux relatifs à toutes Jes
branches des connaissances humaines, recueils périodiques
de législation , de médecine, de littérature, de poésie, de
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