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                 BABIL LITTÉRAIRE.



                                   Genève, 5 Novembre 1864.


   Si les livres nous ont sans cesse tourné le dos sur les
rayons'de nos bibliothèques, il faut avouer que "nous le leur
rendons bien aujourd'hui, et que les rats y portent la dent
plus souvent que nous-mêmes nous n'y mettons le nez.
   Maintenant une bibliothèque meuble le cabinet, mais non
la mémoire de son propriétaire, el il n'y a plus que les stea-
mers et les bâtiments au long cours où s'installent encore les
livres, comme Noô dans l'arche pendant le déluge ; là i!.« évi-
tent le débordement des journaux et recueils périodiques et
sont moins submergés par eux.
   Quel homme du monde pourrait vivre maintenant sans
lire les journaux ? Ils ont remplacé le panem et circences des
anciens ; ils font partie intégrante de notre existence ; ils
absorbent tout le temps qui n'est pas donné à la vie active el
à la sâtisfaclion dé nos besoins ; ils se retrouvent partout ; il
n'est si mince localité qui n'ait le sien, et la promptitude
foudroyante avec laquelle volent les nouvelles est venue ajou-
ter à l'empressement qu'on met toujours à s'en instruire.
   Autrefois, il n'y avait guère que les villes de premier or-
dre où s'imprimassent les feuilles publiques, et il y en avait
fort peu de quotidiennes. A présent, le moindre bourg a sa
gazette, et les grandes cités sont parées de journaux donl la
totalité se trouve dans les hôtels, les cafés elles cercles, tan-
dis que le cabaret môme ajoute, aux séductions bachiques
qu'il recèle, un ou deux papiers publics timbrésavec le pouce