page suivante »
300 LA CHANSON DE ROLAND. Roncevaux. Cet événement a été célébré dans un poème com- posé par Turold ou Thérould probablement vers le Xe ou le XIe siècle. La tradition de Roncevaux s'est formée alors et s'est perpétuée jusqu'à nos jours. L'histoire nous apprend que les Français engagèrent la bataille d'Hastings (1066) en chantant les vers de Turold, et nous savons que nos soldats, sous le premier empire, chantaient encore la chanson de Roland. Mais le texte de Turold, perdu de bonne heure, resta ignoré pendant plusieurs siècles.. Ce n'est pas le lieu de parler des travaux faits sur la Chan- son de Roland, à partir du premier texte retrouvé dans ce siècle et édité par les soins de M. F. Michel, jusqu'à la belle édition donnée par M. Genin. Nous nous contenterons d'indi- quer h ceux qui veulent connaître l'œuvre de Turold, l'ex- cellente version française de M. Delécluze dans son ouvrage intitulé : Roland ou la chevalerie (1). Voici une rapide analyse du poème de Turold. Au commencement de la Chanson, l'empereur Charles a conquis l'Espagne. Il ne reste à son ennemi, le roi Marsile, que la ville de Saragosse. Dans cette extrémité, Marsile essaie d'é- loigner les Français par des promesses trompeuses. Dix de ses chevaliers se rendent en embassade auprès de Charlema- gne. Ils lui offrent le vasselage du roi de Saragosse et pro- mettent un riche tribut. De plus, le roi suivra l'empereur en France pour recevoir le baptême. Charles consulte les pairs de France et les guerriers. Con- tre l'opinion de Roland, l'assemblée est d'avis d'envoyer un ambassadeur à Marsile pour s'assurer de la valeur de ses promesses. Mais qui charger du message? Dans une autre circonstance, Marsile a fait périr par trahison deux envoyés de l'empereur. Chacun des douze pairs réclame pour lui ce (1) Paris, Jules Labitte, libraire éditeur, 5, quai Voltaire, 1845.