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210 MOUVEMENT PHILOhOPHIQUa EN ALLEMAGNE. Parties égales d'un même grand tout, pourquoi n'au- rions-nous pas droit aux mêmes jouissances? Sans espé- rance au-delà du tombeau, c'est sur la terre que nous avons droit au paradis. C'est là , comme le dit énergi- quement Henri Heine, au début de son poème satirique intitulé Dwtschland, c'est là qu'il faut instituer le royau- me des ci eux : Wir wollen hier auf Erden schon Das Himmelreich errichlen (1). En religion la tradition est soumise au tribunal du moi. Les disciples de Niebuhr et ceux de Hegel se ten- dirent la main. Chacun arracha un feuillet de la Bible, et quand chacun eut rayé ce qu'il ne trouvait pas au- thentique, il se trouva qu'il ne restait pins rien du livre sacré, ni du christianisme. C'est ainsi que se sont produits en Allemagne ces sys- tèmes étranges où dans les chaires de théologie, au nom delà science, tout a été enseigné sauf le christianisme. C'est ainsi que dans la religion la plus une qui soit au monde, la religion juive, on a trouvé sur la foi de deux synonymes du nom de Dieu, deux cultes divers, les Jéhovistes et les Elohistes, exactement comme si pour avoir trouvé chez un auteur : Dieu a dit, et le Ciel veut, on en concluait qu'il croit à deux dieux différents. Le Nouveau Testament n'a pas été plus épargné que l'an- cien. En vain les dates se rapprochent; en vain la certi- tude historique la plus absolue entoure tous les faits contemporains; car il ne s'agit plus du vieil Homère, il s'agit du siècle d'Auguste. Qu'importe ? Le Christ, lui (1) bcuUchland, ein Wintermarclien, cap. I.