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208 MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. nature que la mer, quoique distincts d'elle, tendent à aller s'y'confondre. La vie universelle, voilà ce qu'il faut aimer, chérir, adorer; ce qui parle à l'âme aussi bien dans le secret frémissement de la nature que dans les rapports mystérieux des intelligences et des cœurs. Ce sont les lois de cette vie que nous appliquons dans notre intelligence, et que nous révérons dans la morale. Dieu, c'est cette vie même. Nous sommes donc en plein pan- théisme. Alors survient un logicien hardi, un de ces esprits pé- nétrants et décisifs qui poussent intrépidement les systè mes jusqu'à leurs dernières conséquences, Ce logicien, c'est Hegel. L'identité que Fichte et Schelling ont affir- mée pour l'essence des choses, il la place hardiment dans les idées. Il transporte la question, comme on dirait dans le style de l'école, de l'ontologie dans la logique. De même que si nos organes étaient plus parfaits, nous verrions clairement, dans la couleur blanche, les sept couleurs primitives qui y sont réunies, de même le pro- grès de la philosophie doit constituer pour les affirma- tions contradictoires une conciliation où elles se fondent et s'identifient; qui soit au monde des esprits ce que le blanc est aux couleurs. C'est ainsi que dans la pensée d'Hegel, la thèse et l'antithèse se réconcilient dans ce qu'il nomme la synthèse. Donc tout est relatif; le bien et le mal n'ont pas de signification propre; ils sont une même chose. Et quant au vieil absolu, ce Dieu distinct de nos intelligences, rénumérateur et vengeur, qui a fait l'effroi des âges passés, Horribili super adspectu mortalibus instant, ju'on se rassure à son endroit; il n'est plus une cause,