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206       MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE. EN ALLEMAGNE.

 mais ils ont négligé de les aplanir. Leurs livres sont un
 entassement de faits d'où la composition, l'harmonie est
 en général absente. El pourtant ce sont des livres qui
 font penser. Que de fois l'esprit français, tout en protes-
 tant contre les conclusions plus que suspectes, a recueilli
 dans ce désordre les éléments de la vérité !
    Parallèlement à la critique se développe la philoso-
 phie. Là encore il faut se garder de signaler le mal d'une
 manière exagérée. Les étranges aberrations où sont tom-
 bés les philosophes sont le fait des écoles, et non de la
 nation. D'ailleurs un abîme a toujours séparé en Alle-
 magne la sphère de la pensée de celle de l'action. C'est
le peuple où le cœur peut rester pur le plus longtemps
 pendant que l'intelligence se déprave.
    Quand on ouvre un livre de philosophie allemande, il
semble qu'on gravisse les sentiers les plus raboteux d'une
montagne escarpée. A chaque pas on se heurte à l'objec-
tif, au subjectif, au transcendante!, aux milles termes
d'une phraséologie bizarre, parfaitement faite pour em-
brouiller la pensée. Les auteurs se sont-ils toujours com-
pris eux-mêmes? J'en doute un peu. Ne dédaignons
pas cependant l'un des grands mouvements de l'esprit
humain. Peut-être est-il possible de parler de ces systè-
mes en français, c'est-à-dire clairement.
    Le père de la philosophie nouvelle en Allemagne, c'est
Kant. Pour lui la raison pratique seule, la morale,
repose sur des bases inébranlables. La raison pure au
contraire, les connaissances fournies par l'intelligence,
n'ont qu'une valeur subjective, ne valent que pour l'in-
dividu qui les perçoit. De cette théorie résultent deux
conséquences ; la première, c'est le scepticisme appli-