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ISO             LES JUTONS DU CONSULAT LYONNAIS,

riches bourgeois avaient conquis l'indépendance; c'était, aidés
de leurs bras, qu'ils avaient assis d'une manière durable le
syslème communal, et ce fut contre ce même menu peuple
que les vainqueurs tournèrent bientôt le pouvoir dont il les
avait dotés. Privés d'abord du droit de délibération , les
hommes de métiers furent à la fin dépouillés môme du droit
de suffrage, et lorsqu'ils réclamaient, traités comme des in-
surgés et des rebelles (1). Néanmoins, ces empiétements de
l'autorité bourgeoise ne s'accomplirent pas sans résistance, et
le consulat ayant eu plus d'une fois l'occasion de recourir à
l'intervention du pouvoir royal, il en résulta que cette usur-
pation réagit contre les usurpateurs, qui durent céder au roi
de France une partie de celle puissance dont ils avaient re-
fusé de partager l'exercice avec leurs concitoyens. C'est en
effet surtout sous le prétexte de combattre les révoltes des
gens méchaniques que les rois s'immiscèrent directement
dans les affaires municipales. Mais, par une politique adroite,
plus ils imposaient leur volonté au pouvoir municipal, plus
aussi ils compensaient ces empiétements par de nouveaux pri-
 vilèges en faveur des consuls; chaque titre, chaque dis—


   (1) Il faut voir dans les écrits de Champier et de Rubys, tous deux an-
ciens consuls, l'idée que l'aristocratie lyonnaise se faisait du menu peuple
dès la fin du XVI e siècle et au commencement du XVII e . A leurs yeux, les
artisans et gens de métiers qui réclamaient leur part dans l'administration
de la cité, étaient « des mutins, des séditieux, » et leurs prétentions mal
fondées, ne tendant « à rien moins qu'à pervertir tout l'ordre politique,
« introduict d'ancienneté dans la ville. » Trompés par ces fausses asser-
tions, la plupart de nos historiens lyonnais ont suivi ces errements ; ils
n'ont tenu aucun compte des droits que l'élément populaire avait acquis ;
ils n'ont surtout pas soupçonné les altérations que subit successivement le
mode d'élection, lequel, du suffrage direct se réduisit à une élection au
second degré presque illusoire, à la fin, par les éléments étrangers dont on
l'avait surchargée.