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110                    LITTÉRATURE,

dirigée par de sûres méthodes, les a rangés en classes ,
en familles, et a distingué ceux qu'on peut tenir pour
vraiment originaux de la foule bien plus nombreuse des
reproductions plus ou moins altérées. Cette comparaison,
Messieurs, a permis de constater deux points très-im-
portants. Le premier, c'estque les éditions princeps des
classiques, qui remontent en général à la fin du XVe siè-
cle, ont été faites pour la plupart sur un seul texte. Les
lacunes, les passages illisibles, les erreurs de copie,
tous les défauts enfin de ce texte, reproduits et agravés
dans l'imprimé, créaient à la critique des difficultés inex-
tricables ; grâce aux autres manuscrits que nous avons
aujourd'hui à notre disposition on parvient souvent à les
corriger avec la plus entière certitude. En second lieu ,
il a été visible que les érudits du XVIe et du XVIIe siècle
qui ont révisé les éditions princeps avaient apporté à ce
travail beaucoup d'esprit et de talent, mais aussi un<^
extrême hardiesse et une conscience beaucoup trop
large. J'aurai souvent l'occasion cette année, en étu-
diant avec vous le poète Lucrèce, de vous signaler l'é-
trange sans-façon avec lequel le texte de ce beau poëme
a été retouché, arrangé, remanié par plusieurs de ses
éditeurs. J'emprunterai ces exemples au commentaire
qu'un savant professeur de Berlin, M. Lachmann, en a
donné récemment. C'est surtout aux Allemands, Mes-
sieurs, il faut le dire ici, que nous sommes redevables
de cette vaste reconstruction des textes anciens. M. Lach-
mann en particulier a rendu en ce genre les plus signa-
lés services, aidé, il est vrai, d'une nombreuse pléiade de
jeunes savants, ses élèves, qui travaillent sous sa direc-
tion, et dont il centralise les découvertes. L'érudition