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LITTÉRATURE. 107 l'esprit novateur de nos utilitaires avait arrachées à l'Uni- versité. N'est-ce point surtout du haut de cette chaire qu'il convient de saluer ces mesures réparatrices qui replacent la jeunesse de nos écoles, au grand profit de son intelligence et de son cœur, sous la douce et féconde discipline de ces poètes, de ces écrivains, de ces orateurs que j'ai moi-même à vous faire admirer ? Ces mesures, Messieurs, le sentiment public les appelait; car on n'a jamais cessé de penser, chez nous comme chez tous les peuples éclairés, qu'une longue familiarité avec les chefs- d'œuvre et les héros des temps passés était la meilleure préparation pour ceux qui doivent former les classes su- périeures et dirigeantes de la société, et que l'éducation la plus propre à fortifier les esprits, à élever les âmes, c'était cette communication intime avec les plus grandes âmes et les plus grands esprits. Mais, précisément parce que l'Europe civilisée s'est instruite et formée à l'école de l'antiquité, précisément . parce qu'un si grand nombre de savants hommes ont usé leur vie à en lire, à en expliquer, à en commenter les belles œuvres littéraires, quelques-uns d'entre vous peuvent croire que ces études sont épuisées, que ce domaine est suffisamment connu, et qu'il n'y a désor- mais plus rien à faire. C'est là un autre préjugé con- tre lequel je dois vous mettre en garde, en vous montrant que la science de l'antiquité est en progrès comme toutes les autres, et que de nos jours particulièrement, elle s'est renouvelée soit par des découvertes capitales, soit par une manière nouvelle de voir les choses qui tient à l'es- prit même de notre siècle. Oui, Messieurs, quelque hardie que cette assertion puisse paraître, je ne crains point de