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LITTÉRATURE. 101 orateur de notre temps, la conversation de tout homme avec lui-môme. Or, la littérature d'un peuple, c'est pré- cisément cette conversation intérieure où il exprime ce qu'il sent et ce qu'il pense ; c'est le tableau fidèle de sa vie intime, la manifestation rigoureusement exacte de ce qui fait son caractère intellectuel et moral. Voilà pourquoi la littérature, bien mieux encore que l'histoire, nous fait connaître et comprendre Jes sociétés humaines, et pénétrer, pour ainsi dire, dans leur génie, dans leur âme. Et ici, Messieurs, je vois "une autre supériorité des Grecs et des Romains, qui donne aux études que j'inau- gure aujourd'hui avec vous un intérêt etune importance capitale; c'est que leur littérature est l'école où les nôtres se sont formées ; et quand je dis les nôtres, je parle des littératures de toute l'Europe civilisée, où il n'y a pas un seul ouvrage, même le plus original, le plus pénétré soit de l'esprit moderne, soit du génie particulier aux races nouvelles, qui ne porte à un certain degré l'em^ preinte et comme le sceau des lettres gréco-latines. Un peintre de nos jours a représenté sur une toile célèbre le vieil Homère entouré de tous ceux qui se sont inspirés de ses chants sublimes. Le groupe en est nombreux-, on y voit non-seulement la plupart des poètes et des artistes de l'antiquité, mais encore les plus illustres des moder- nes, et Raphaël à côté de Racine et de Molière. Essayons, Messieurs, de nous représenter de même par la pensée autour du Génie de la Grèce et de Rome tous les écri- vains qu'il peut revendiquer pour ses disciples, qui se sont instruits à son école et formés plus ou moins direc- tement par l'imitation de ses chefs-d'œuvre ; ne faudra-