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74                           HISTOIRE

   — Soil fait, répondit Edouard en frappantde son épée l'é-
paule de son féal; gagnons la bataille et Varey sera tien,
mieux ne puis.
   — Savoie ! Savoie ! acclama le nouvel élu de sa voix la
plus éclatante, et son cri s'éleva au milieu du choc des com-
battants.
   — Savoie au noble comte! répondirent mille poitrines et les
coups retentissent plus furieux, les armures éclatent, les cour-
siers tombenl et s'enchevêtrent plus serrés sur ce point où le
comte de Savoie exerce sa fureur.
   Sous l'effort d'Edouard et de sa vaillante noblesse, l'année
dauphinoise est ébranlée. La victoire penche pour la croix
blanche. Navré de se voir vaincu, Jean de Chalon s'écrie,
et l'histoire a conservé son cri de désespoir : — « Ah ! gentil
Dauphin, secourons nos gens, et ne permettons pas aujour-
d'hui l'honneur des armes nous être levé d'entre les mains. »
   A cet appel, les fuyards s'arrêtent, les rangs se reforment
autour des bannière*. l'escadron brillant el invincible du
Dauphin s'avance, charge à son tour et s'ouvre un passage au
centre des Savoisiens ; la fortune change encore une fois et
les vainqueurs connaissent, la rage au cœur, que le succès leur
est arraché.
   Des torches enflammées sont jetées dans les lignes que dé-
fend Beaujeu ; l'incendie se propage et s'élance ; les pauvres
chaumières de Saint-Jean-le-Vieux sont dévore'es el les
Bourguignons aux prises avec les Gascons et les Dauphinois
sont chassés de leurs retranchements. Le Grand-Chanoine
attise lesflammes..Allemands,Savoisiens, que le soleil ardent
éblouit, font volte-face el se retirent vers le nord; la sueur
ruisselle sous les pesantes armures (1), Les Dauphinois

  (1) Chorier prétend que la bataille eut lieu en février. Nous préfé-
rons suivre la version des chroniqueurs savoisiens qui tous attribuent