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72 HISTOIRE cabre et se renverse, fait un dernier bond et tombe à terre avec son cavalier. Le Brabançon, accablé par le poids de ses armes et de son cheval, fait des efforls inouispourse dégager ; appuyant son bras puissant sur la (erre, il rassemble ses forces el veut arracher son pied qui n'a pu vider l'arçon; le coursier bardé de fer est couché sur lui ; tous ses efforts sont vains el une horrible douleur le fait pâlir. Vaincu par la souffrance, il appelle; sa voix s'échappe avec effort a travers son heaume abaissé; la voix du héros parvient jusqu'aux Bourguignons, mais ceux-ci hésitent, reculent el le laissent enlre les mains des assaillants. Traître jusqu'au bout, le Grand-Chanoine (1) fait passer el repasser-sa monture sur le guerrier qui ne peut plus se dé- fendre el qui s'évanouit. Le sire des Baux, que la postérité puisse flétrir son nom comme celui de son compagnon, met pied à terre, et, au lieu d'épargner le vaincu tombé ou de le percer de son épée, de sa masse d'armes qu'il tient à deux mains, il frappe le mouranlà coups redoublés, tant que le cas- que épais soil aplati, que la lôle soil écrasée dans son enve- loppe de fer el que l'dme du vaillant homme de guerre ait quitté son corps mortel pour s'envoler au sein de Dieu. A cette vue, à ce crime, les Bourguignons s'épouvanlenl el se replient. Le romle de Genevois cl Hugues, son oncle, qui conduisent les deux ailes de l'armée, se portent rapidement en avant avec les troupes légères et cherchent à cerner l'en- nemi. Les Bourguignons découragés se dispersent. Le3 uns sont faits prisonniers, d'autres meltanl leur salut dans une prompte fuite, essayent de gagner leurs retranchements ; 1) Le Grand-Chanoine, (Alphonse d'Espagne), avant de comman- der les Compagnies avait été effectivement chanoine et archidiacre à Paris.