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70 HISTOIRE cette mêlée, dans ce combat corps à corps, les coups pieu- vent sur l'épaisse cuirasse sans ébranler le fier guerrier, mais la longue lance est devenue inutile. Le Brabançon prend à ''arçon de sa selle une pesante massue de cuivre et, comme la foudre, la fait tomber 5 droite et à gauche autour de lui. Les rangs s'ouvrent, les Gascons reculent et se dispersent ; nul n'attend impunément le bras qui donne à coup sûr la mort; les Bourguignons poursuivent les Compagnies mises en déroute et les rejettent sur le corps de bataille rangé sous les ordres du Dauphin à l'entrée de la forêt. Bourguignons et Allemands poussent des cris de joie. Ils voient la terreur qu'inspire le Brabançon et son exemple en- flamme les courages. A peine formés, les corps se précipi- tent sur le carré au centre duquel s'élève la bannière du Dauphin ; même isolés, et ne consultant que leur fureur, les chevaliers se jettent sur l'escadron dauphinois qui reste im- mobile ; mais leur furie, privée d'ensemble et de discipline, se brise contre le mur d'airain que rien ne peut entamer. Au milieu de ses fidèles, le Dauphin monté sur un coursier d'une éclatante blancheur, donne ses ordres d'une voix calme et sa voix se fait obéir jusqu'aux rangs les plus éloignés. Auprès delui-on reconnaît Guy de Grolée, son célèbre con- seiller ; autour d'eux se pressent Albon, Montauban, Sasse- nage, Allemand, Rossillon, Valbonnais, Maubec, Salvaing, Clerieu, Forcalquier, La Poype. Le sang des Allobroges coule dans leurs veines. Les hommes d'armes qui les suivent sont nés et ont vécu dans les combals. Le ruisseau protège leur corps de bataille derrière lequel se reforment et se réorgani- sent les Gascons à peine rassurés. Malgré la conlenance des Dauphinois, la victoire est indécise ; lîn simple événement, la mort d'un homme, va la décider. Comme toute l'armée, le Brabançon a vu cette impéné- trable forêt de lances qui arrête l'effort des assaillants et