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               ÉTUDE SUR LES GUERRES DE RELIGION.                          i5

 de plus en plus chaque jour barbare et corrompu? Qui donc
gagnerait à la guerre, quelle qu'en dût être l'issue ? Ce ne
 serait ni la nation ni la royauté. Ce serait au dehors nos
rivaux, au dedans les factions.
   Mais si tels étaient les maux de la guerre, comment l'évi-
ter? Comment assurer la paix? La Religion n'était-elle pas
la première loi de l'Etat, la base de toutes les lois, l'âme de
la société? Les hérétiques n'étaient-ils donc pas nécessaire-
ment des rebelles? La vérité religieuse pouvait-elle cesser
d'être professée par la puissance civile sans que l'ordre pu-
blic s'écroulât? Les protestants ne le pensaient pas ; ils attri-
buaient au prince non seulement le devoir de maintenir mais
le droit déjuger la Religion, et c'est en présentant a son
examen leur doctrine comme la plus pure qu'ils lui deman-
daient de la reconnaître (1). L'Unité religieuse pouvait-elle
se rompre sans que l'Unité nationale se brisât? Personne ne
le croyait encore en Europe et dans cette grande lutte du
culte ancien et du culte nouveau, il paraissait plus facile de


  (1) « Les calamités et afflictions qui tinrent les chrétiens comme ac-
« cables, élaient tels que chacun confessait qu'elles procédaient des justes
« jugements de Dieu et de ce qu'on laissait pulluler tant de fausses héré-
« sies qui régnaient. Mais le mal était que nul de ceux qui avaient l'admi-
« nistration publique            ne regardait avec bon jngement, fondé sur
« les saintes Écritures, qui étaient les hérétiques et qui est la vraie et la
« fausse religion, pour de là tirer la vraie règle de concorde. » Requête
des protestants à Henri II, après la bataille de Saint-Quentin, rapportée
par La Popelinière, liv. tv..
   « Tout ainsi qne les hérétiques méritent punition et l'opinion de ceux
« qui les exempte de la juridiction du magistrat est à bon droit réprou-
« vée, aussi faut-il y procéder avec grande révérence de Dieu et discré-
« tion, de peur de condamner vérité pour mensonge, et pour attirer ceux
« qui sont en erreur plutôt en repentance qu'à la peine. » Requêta des
protestants au prince de Condé pour l'engager à se mettre à leur tête en
1560 (Histoire de l'état de France sous François //, p. 46.