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                   CHRONIQUE LOCALE.
     La rentrée solennelle des Facullés , attristée celte année par la maladie
 et l'absence de deux des principaux chefs de notre Universilé, M. le Rec-
 teur gravement indisposé, et M. le Doyen de la Faculté des sciences qu'on
 espère voir bientôt rendu à ses travaux, a eu lieu le 28 novembre, en pré-
 sence d'un public empressé et nombreux au milieu duquel on remarquait
 M. le Sénateur, chargé de l'administration du llhône, M. Réveil, vice-prési-
 dent du Corps législatif, M. Sauzet, ancien président de la Chambre des
 députés et plusieurs de nos notabililés. La cérémonie était présidée par
 M. Vivien, inspecteur de l'Académie ; M. Fournet, professeur à la Faculté
 des sciences, a prononcé le discours d'usage. Le sujet choisi par le savant
 professeur était l'histoire de l'industrie humaine depuis les premiers siècles
 du monde. Malgré les éloges prodigués aux inventeurs et ans héros de ces
 temps nébuleux, ce thème était la glorification de notre âge et plus d'un
 applaudissement est venu montrer à l'orateur combien il avait su flatter
 notre orgueil national, combien il avaii remué les imaginations en leur
parlant de perfectionnement, de progrès et d'avenir.
    Mais, nous devons l'avouer, si les savants et les jeunes gens, les hommes
 forts et les penseurs ont battu des mains avec transport, plus d'un esprit
paresseux et arriéré a regretté de voir tomber les idoles érigées par les
poètes à la gloire de l'antiquité. Apprendre qu'il n'y a jamais eu d'âge d'or,
que les hommes ont commencé'par la barbarie, que l'humanité s'est élevée
 de siècle en siècle depuis la fange grossière jusqu'à notre brillante et in-
 comparable civilisation a paru à plus d'un auditeur une triste et doulou-
reuse révélation et, en disant adieu à ses rêves, a peut-être regretté son
ignorance et ses chères illusions.
    Depuis lors les coins sont ouverts, et une jeunesse studieuse reçoit avec
empressement celle forte nourriture de l'intelligence (pic lui donnent des
professeurs aimés. Do leur côté, les érudits sont revenus à leurs livres, les
sociétés savantes renouvellent leurs bureaux et reprennent leurs lectures
hebdomadaires ou men-uelles et les artistes donnent leur dernier coup de
burin ou de pinceau en vue de l'exposition.
    Mais voilà que la ville est envahie par un essaim d'oiseaux chanteurs qui
tout en gazouillant une langue étrangère n'en volent pas moins à la postérité.
Les gentils poètes de la Provence, Mistral, Rouaiaiulle, Aubanel, Mathieu,
Morel, ont envoyé chez Méra, rue Impériale, 13, leurs plus jolies poésies, les
unes purement et simplement en patois provençal et bonsoir aux douces
choses qu'il nous disent, les autres traduites en français et alors on peut
savourer cette fraîcheur de pensées, cette verdeur d'imagination, cette dé-
licatesse si fine de sentiment qui les égale à nos plus grands noms, et sur-
tout qui les fait aimer. Dans noire prochain numéro, nous donnerons
plusieurs contes de leur délicieux : Armana prouvençuu, p'er loti bel an de
Dieu, 1862, édité par Rouinanille, en Avignon.
     — L'Académie dans sa séance du mardi 3 novembre a procédé à la
nomination de deux présidents en remplacement de M. Gilardin et de
M. I'étrcqiiin dont les fonctions expirent au 1 e r janvier. M. Barricr a été
él,,i président de la classe des Sciences. M. Sauzet président de la classe des
Lettres. C'est la troisième fois que le célèbre orateur esl appelé au lau.'euil
présidentiel, c'est la première lois depuis sa fondation que l'Académie de
Lyon voit un de ses membres trois fois président.
    M. Dumont, auteur de la statue de Suchct a été nommé à l'unanimité
membre correspondant de la Compagnie.
    — L'hôpital de la Croix-Rousse est inauguré solennellement aujourd'hui,
 7 décembre, par nos autorités.                               A. V.
                           Aimé    VINGTRIMER,      directeur-gérant.