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BIBLIOGRAPHIE. 479 Konrad et de Rosa, qui est tout le drame de ce poème, se couronne dans l'héroïsme d'un double sacrifice, Je ne dirai pas que ce poème est fantastique, mot qui entraîne une idée de désordre et de confusion. J'y vois plutôt cet emblème du christianisme, l'œil fixe de Dieu, au sein d'une vapeur lumineuse, dans le triangle précis de la Trinité. Je voudrais ciler, mais il me faudrait isoler des pensées, ôler à des tableaux leurs cadres poétiques, enlever une acanthe au Parthénon. Lisez plutôt, lisez avec le recueillement qui veut saisir la pensée d'un rêve, et chaque image retrouvera peu à peu sa forme au fond de votre cœur dans un souvenir ou un pressentiment. Ecoulez cependant cet adieu suprême de Rosa, ce chant du sacrifice; on ne sait s'il part encore de la terre ou s'il arrive déjà du ciel. « Dans cet exil où je te pleure, Va ! tout mon cœur te reste uni. Pour nous y trouver à toute heure, Dieu nous ouvre son infini. Dans sa pensée où je m'élance, Tous deux nous nous enveloppons ; Là , du fond de notre silence, Je te parle et tu me réponds. Sens-tu comme je suis mêlée A chaque goutte de tes pleurs; Combien ma pauvre âme est troublée Du moindre écho de tes douleurs? Dans l'air qui passe et que j'aspire J'ai reconnu ton souffle pur; J'aperçois encor ton sourire Rayonner vers moi dans l'azur. Ton regard, au loin, me pénètre ; Et, dans ce muet entretien, Je sens palpiter tout mon être D'un léger battement du tien.