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4.26                BIOGRAPHIE DE LOl'S PAPON.

imprimer la première partie de son Astrée qu'en 1610. 11 n'en
avait conçu l'idée que fort peu d'années auparavant, et seulement
après son mariage qui est postérieur à 1C80. Or, Papon était
mort dès 1590, à l'âge de 85 ans passés. »
   En ce qui concerne les conseils que Jehan Papon aurait donnés
à Honoré, nous sommes pleinement de l'avis dcLabbé d'Artigny.
En effet, au moment de la mort du grand-juge, d'Urfé n'avait
que vingt-deux ans ; aussi, comme ù l'abbé d'Artigny, nous pa-
raît-il fort douteux que, dès ce temps-là, il ait conçu le plan d'un
ouvrage tel que l'Astrée. Mais lorsque le même auteur assure
qu'Honoré ne mit la première main à ce roman qu'après son
mariage, nous pensons qu'il est dans l'erreur. L'opinion émise
sur ce point par M. Auguste Bernard nous paraîtrait bien plus
près de la vérité. Quoique sous forme dubitative, M. Bernard
croit qu'Honoré ébaucha l'Astrée, quelques années avant son
mariage, pendant son exil volontaire auprès du duc de Savoie,
c'est-à-dire vers 1596.
   « Éloigné, dit-il, des lieux dans lesquels il avait laissé tous les
objets de son affection, son imagination l'y ramenait sans cesse,
et nous devons peut-être à cet exil les plus charmantes descrip-
tions de son célèbre roman de l'Astrée , auquel il préludait
déjà (4). »
   Cette dernière phrase ne nous semble détruire en rien ce qu'il
peut y avoir de vraisemblable dans l'opinion où nous sommes,
qu'avant de partir pour la Savoie, le premier germe de l'Astrée
a pu se faire jour dans l'esprit de l'illustre ligueur. N'oublions
pas que, l'année précédente, prisonnier à Montbrison, il avait
eu assez de loisir pour y composer ses Epislres morales (2) et
qu'il avait alors vingt-sept ans, l'âge où l'esprit a presque atteint
toute sa virilité et sa puissance. Or, si d'Urfé eut jamais recours
aux conseils de l'un des Papon, ne serait-il pas plus probable que
ce fut à ceux de Loys qui était beaucoup plus lettré que son père,
et qui mourut neuf ans après lui? Les dates coïncident trop bien
pour ne pas en tenir quelque peu compte.

  (1) Les d'Urfé, par M. Aug. Bernard, impr. roy., in-8°, p. 145.
  (2) La dédicace est datée de Montbrison, 24 septembre 1593.