page suivante »
LA CROIX DE SAINT-MART1N-LA.-SAUVETÉ. . 401 doute que si ce morceau d'architecture était placé dans une lo- calité plus importante il n'acquît promptement une réputation populaire, comparable à celle que conserve encore dans nos montagnes l'ancienne croix, du Pré-de-la-Foire, à Saint-Etienne, qui avait été, comme celle de Saint-Martin. « tirée des carrières « de Riom et passoit pour la plus belle de France, » On doit applaudir au parti qui a été pris d'ajouter à la ri- chesse de l'ensemble par des peintures et des dorures. Ce genre de décoration exige un goût très-sûr, pour faire valoir les détails dans une juste mesure, pour ne pas nuire, en voulant y ajouter, à l'effet de l'architecture. Il faut du discernement dans le choix, de la sobriété dans l'emploi des couleurs. Ces conditions ont été heureusement remplies par M. Lamaison, qui a exécuté ce travail sous la direction de M. Ch. Devilliers. La croix de Saint-Martin se compose de blocs de très-grande dimension. La mise en place de pierres d'un volume aussi con- sidérable,, sans le secours des engins perfectionnés que l'on ne trouve que dans les villes, n'était pas sans difficultés. Elles ont été habilement surmontées par M. Dalbeigue, voyer de canton. Grâce à un ingénieux système d'échafaudages , la pose s'est effectuée avec un plein succès et sans qu'on ait eu aucun acci- dent à déplorer. Je ne puis finir sans dire un mot de l'inauguration du monu- ment. Bien souvent on a décrit des fêtes de ce genre. Un affreux incendie qui, peu de jours auparavant, avait dévoré une partie du bourg de Saint-Martin, faisait craindre pour la splendeur de la cérémonie. Elle n'en a pas moins été fort belle et fort touchante. L'affluence des fidèles, les longues files de la pro- cession se déroulant à travers les prairies sous un soleil radieux, les nombreuses oriflammes agitées par le vent, les chants impo- sants de l'Eglise, la bénédiction solennelle donnée du pied de cette belle croix, au milieu du clergé échelonné sur les marches, tout cela constitue un spectacle dont on se réjouit d'avoir été témoin, qui ravit l'œil de l'artiste et émeut profondément le cœur du chrétien. Vincent DURAND. 20