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ORIGINES DE LUGDUNCM. 381 l'embouchure de la Loire, avait, d'après une tradition recueillie par Artémidore, donné naissance au nom du Port des deux cor- beaux (1). Odin avait aussi deux de ces oiseaux pour conseil- lers (2). La divination par les corbeaux faisait de même partie de la mantique des devins (oïœvwtà 'koi) de l'ancienne Grèce. Les prêtresses de Dodone, entre autres, recevaient le surnom de 'K..opxiiouxvT£is> devinant par les corbeaux (3). L'examen du mythe des Dioscures n'est pas moins favorable à Clitophon. Scruté dans son origine, son essence, ses dérivations, ce mythe confirme la nature céleste des deux chefs Ségusiaves, comme la divination druidique leurs connaissances augurales. La loi fatale, qui leur impose, ainsi qu'aux Tyndarides, une séparation éternelle, est de tradition védique. Dans le Rig-Véda, les Açwins personnifient à la fois les deux crépuscules du matin et du soir (4), et les deux apparitions de la planète appelée à l'aurore : «Pcuffçdpoç, Lucifer ; à l'approche de la nuit : f-aitsooç, Vesperus. Une étoile très-souvent les accompagne, et cet asté- risme brille sur la tète des Dioscures , dans les monnaies à leur type, dans les monuments à leur effigie (8). En revêtant les fondateurs de Lugdunum d'un caractère reli- gieux, sacerdotal en quelque sorte, Clitophon n'a fait, également, que se conformer aux idées de son temps, idées puisées dans les mythologies grecque et védique. Les Açwins sont présentés comme des génies dont l'eminente piété, dont l'intervention puissante rendent le ciel favorable (6). Les Tyndarides ont ce (1) AijiÉva... Sua jioooîxwv (Artemid., ap. Strabon.,cap.4, num.6, lib. îv.) (2) Lclewel, ut suprà . (3) Enstath., In Odyss,, xiv, v. 327, édit. Lips., 1825. — Ces supersti- tionj et ces rites communs aux Grecs, aux Latins et Cymres remontent à l'origine de la race Indo-Européenne : on les retrouve chez les Aryas. (A. Maury, Hist. des relig. de la Grèce antiq., t. î, p. 193). (4) Deux autres dieux (les Açwins) vont... de compagnie avec l'au- rore, etc. (Rig-Véda, Traducl. de Langlois, m, 295). (5) V. Cohen, Médailles consulaires, aux planch., passim. (6) Pieux Açwins.... dieux justes et secourables. (Rig-Véda, Traduct. de Langl., 1-418.)