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                  PATOIS BRESSAN ET BUGISTE.                375

nos dialectes de l'Ain ; i! me semble que ceux qui ies savent
parler doivent, comme moi, y retrouver certains souvenirs
champêtres pleins de charme et de poésie naïve; je termine
par une fable en patois bressan, mais sans versification ; c'est
comme un conte de veillée récité au coin du feu.

               LA CIGALA PI LA FREMI.
                             Fobla.

  Na cigala (z'éfins, ie 1,'ena béquie quemint le bourdènes),
na cigala donc, que shantôve mintraut lou bon té, crevagnôve
de fan quin vinsse la fra.
  Le fut trouvô la frémi, que demourôve arô lia, pre li
demindô de qua vivre.
  La frémi, que ne baille pô, on eu sa bin, et qu'ave ayô
greux de pain-na pre lienô et rolelô de fin pe Icux prôs, li
desse quemin çin :
  — Qu'ôs-le donc fait c'ti renouvé? pre ma z'ai leur tra-
vaillé.
   — Ah! quemôre, z'ai shanto per indremi meux fremeil-
lons, api ze me sai bin proumenô; craies lamint que m'a
greux queûlô; baillô me va ne saqua, ze vous eu rindre prô,
me n'arma !
  — Te t'es bin proumenô, t'os leur shanlô?
  — Voua, quemôre !
  — Ah bin ! voure, dinch'on brinlou !
  Meux z'éfins, v'quia la raison:
  C'Ia frémi ère vra malena ; l'a bin désaimô la cigala ; mais
que v'iis-vous, quin on ne travaille pô, on ne da pô minzie
non pie. Apprenis çin, vous aulrous, et (ravaillô (eurzou
quemint de bravou mondou.
                                         A. SIR AND.