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372 PATOIS BRESSAN ET BDGISTE.
dans tous les temps, les nations ont utilisé ces grands remparts
naturels pour se démarquer. Le mot marche, marchio en
italien, dont on a fait marquisat, se donnait à des portions de
territoire bien accentuées qui servaient de limites. On retrouve
ces dénominations en plusieurs points du département, par
exemple, près de Glandieu ; il est remarquable que dès qu'on
passe l'Ain, on trouve un langage et des mœurs différents,
on est en pleine Bresse; de même qu'en traversant le Rhône,
au sud par exemple, on a le Dauphiné, et à l'ouest le
Lyonnais.
A l'aide du langage ancien, on peut retrouver le berceau
des peuples primitifs; rien n'est tenace comme l'esprit de
nationalité. Dieu l'a voulu ainsi dans l'intérêt de la conser-
vation des peuples, comme des animaux et des végétaux ; ces
derniers tiennent à leurs régions terrestres et à leurs climats
de naissance.
En examinant de près les habitants du pays, à l'aide de
celte donnée, on arrive à retrouver aussi l'antique d'origine
de plusieurs de ses habitants. De commune à commune on
voit souvent une différence de langage, puis des habitudes par-
ticulières, une sorte d'esprit national qu'on veut garder. Ainsi
là , on ne se marie qu'entre soi ; au lieu de boeufs de labour
comme en ont les voisins, la terre se cultivera a l'aide de
mulets accouplés quatre et six. A Beltant, près Ambérieu,
bien des choses diffèrent d'avec tout le voisinage ; quand on a
attelé la cobla, on a tout fait (1) ; puis l'accent du langage
n'est plus le même, le genre d'esprit surtout. Ici on retrouve
activité infatigable, économie', esprit indépendant et vivacité
(1) Attelage do six mulets, appartenant à six propriétaires différents et
conduit par un domestique commun. La Couble (le couple) laboure les
champs des six associes ; c'est du socialisme mis en pratique depuis des
siècles ; en dehors du labourage chacun reprend son individualité.
A. V.