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PATOIS BRESSAN ET BTJGISTE. 367 Et cependant que de charmes recèlent, pour ceux qui les par- lent ou les comprennent, les patois de la Bresse et du Bugey! Le premier, volubile et rapide, surtout dans la bouche d'une femme, est difficilement saisi par un étranger; il faisait le désespoir des réfugiés espagnol. Le second, mâle et accentué avec plus de calme, affecte mieux l'oreille ; celui-là , les Espa- gnols me l'ont avoué, était presque tout compris par eux. Il faut en convenir aussi, le patois bressan fourmille d'abré- viations. Un pur sang du pays peut seul les appréhender au passage. En voici un exemple choisi entre mille ; au lieu de dire: Quion feu donc que le ? on entendra raisonner ces sons presque inarticulés et très- rapides : An don qu' l'e? (4) Chose singulière, le Bressan est signalé comme un homme lent et lourd, et sa langue se parle vite ! Qu'on ne s'y (rompe pas, cependant, ces épithètes étaient bonnes jadis, elles ne s'appliquent plus aujourd'hui. Il y a transformation complétée dans les habitudes; il faut le dire, les cafés, les cabarets, les marchés et les foires où tout le monde va, ont opéré la chose. Le régime des villes descend aux villages; ce que nous avons de mal y prend racine, et Dieu sait ce qu'il en résultera pour l'avenir. Qu'on ne s'étonne donc plus si nous disons que le patois s'en va ; il tombe aussi dans le progrès!... Les airs bressans sont légers et gracieux ; peu variés en intonations et en fioritures, mais vifs et gais, ceux de danse surtout. La naïveté fait leur charme et leur mérite ; mais hâtons-nous donc de le constater, car déjà le violon et la clarinette ont remplacé l'humble musette et la viole nazil- (1) Où donc est-il ?