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338 BIOGRAPHIE DE LOYS PAPON. cette redevance, et même, comme nous le verrons plus fard, les religieux de Savigny, fatigués de ses lenteurs, furent sur le point de faire une descente à Marcilly pour en saisir les meubles. Le prieu- ré de notre insouciant chanoine était situé non loin du château de Goutelas, acquis en 1557 par son père. De ce prieuré, il ne reste plus que des ruines qui s'élèvent à peine au niveau du sol, et le château, rebâti vers le commencement du XVIII e siècle, laisse à peine de- viner quelle devait être la physionomie de la demeure féodale du grand juge (1). Une chapelle où l'on célébrait autrefois la sainte messe,une chambre sur les murs de laquelle ont été peintes quel- quesscènes del'Aslrée, aux trois quarts effacées parle temps, quel- ques vieux pans des murailles d'enceinte, voilà tout ce qui reste de l'antique manoir. N'oublions pas, pourtant, deux vastes che- minées renaissance, chargées de fruits et de personnages sculp- tés qui sont d'un fort bel aspect, et qui pour nous ont le sin- gulier mérite d'être contemporaines de Jehan et de Loys Papon. Mais que sont devenues les belles tapisseries de Flandres et les portraits de famille qui ornaient cette vaste et somptueuse demeure ? Hélas ! nous n'en avons plus trouvé de trace que dans de froids inventaires (2). Seule, la campagne d'alentour a conservé son inaltérable beauté. Derrière le château, s'étend une forêt de vieux pins, dont plusieurs, sans aucun doute, ont vu passer sous leur ombre notre bon chanoine, et plus tard (1) C'est ainsi que la plupart du temps Jehan Papon était désigné par ses contemporains. (2) M. de Campredon qui, sur la fin de sa vie, fut propriétaire du châ- teau de Goutelas, semblait avoir hérité du goût de Jehan Papon pour les études sérieuses et les antiquités. Pour occuper sa solitude, il avait composé plusieurs traités sur l'agriculture, et rassemblé, dans une salle qui semblait une succursale du musée du Sommerard, toute une collection de vieux meubles de diverses époques. On remarquait entr'autres dans sa collec- tion un lit en bois de chêne, à colonnes, style Louis XIII, qui, suivant M. de Campredon, aurait appartenu à Marguerite de Navarre, de si galante mémoire. Il en avait fait l'acquisition à Usson même, où, comme on sait, Marguerite fit pénitence durant de longues années. Disons toutefois que l'authenticité historique de ce meuble n'était pas suffisamment établie.