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BIBLIOGRAPHIE. 309 Eve sera plus expansive ; c'est dans le caractère, ou plutôt dans le cœur de la femme ; et d'ailleurs elle fut la première, et je dirai presque la seule coupable, puisque Adam fut entraîné par elle dans la faute qu'il commit; elle sent le besoin d'expli- quer son refus, et même de démontrer que ce refus est un devoir et non de la générosité ; elle sent aussi qu'elle aime son époux, et devant ce sentiment aucun sacrifice ne lui coûte, même celui du ciel et de l'immortalité. Telle est la femme depuis la créa- tion et telle elle sera toujours ; je parle de la femme en général, sans me préoccuper de quelques exceptions; rien ne coûte à la femme quand elle aime ou quand elle croit aimer. Voici la réponse d'Eve. Alessiel lui avait dit : Pour toi seule j'espère Du Dieu qui TOUS unit désarmer la colère. — Oh ! tu n'apportes pas un si terrible arrêt, Dit Eve avec effroi; quel que soit mon regret Je ne demande à Dieu ni splendeur éternelle, Ni place loin d'Adam, dût-elle être immortelle. Sans lui, sans mon époux que ferais-je des cieux ? Quel rayon me vaudrait le rayon de ses yeux? Ton ciel serait désert. Mon âme délaissée Resterait sans regard, sans amour, sans pensée. Dieu me fit son épouse, et sa première loi M'ordonna de l'aimer. Que ferait-il sans m o i , Rejeté sur lui-même, isolé dans le monde? Tu n'as donc jamais vu quelle douleur profonde Vient oppresser son âme et courber son beau front Lorsqu'il songe aux malheurs que ses fils souffriront? Quand ces tristes pensers abattent son courage, Quelle main sécherait les pleurs sur son visage ? Tu ne le sais donc pas, il me faut tout mon art, Mes accents les plus doux, l'amour de mon regard, Le charme dont j'apprends à parer mes sourires, Pour chasser loin de lui ces funestes délires ! Qui donc, qui donc viendrait exercer sur son cœur