Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           BIBLIOGRAPHIE.                          307

Enfanter les soupçons, finir ces rêves d'or
Qui de la terre au ciel les rattachent encor,
Et comme l'ouragaii qui divise les flammes,
Isoler leur pensée et désunir leurs âmes.
Il dit, puis, se couchant sur un livide éclair,
Il sillonne la nue et s'enfonce dans l'air.
De la terre au chaos, du chaos à l'abîme,
Tel qu'un aigle blessé s'abat de cime en cime,
Il descend, il arrive au gigantesque pont
Qu'a bâti son armée et le franchit d'un bond.

   Il appelle un des anges rebelles qu'il poussa autrefois à la révolte
par l'ascendant de sa fausse amitié. Alessiel (c'est ainsi que l'au-
teur nomme cet ange déchu) a conservé encore au fond de? enfers
un cœur torturé par les remords et les regrets, et quoique Satan
ait en lui peu de confiance, du moins pour les combats, il espère
que mieux qu'un autre il pourra séduire les deux proscrits :

Dans les champs du chaos le couple ailé s'élance.
Quand l'espace finit l'espace recommence.
Satan connaît l'abîme ; Alessiel qui le suit
Semble un oiseau du jour égaré dans la nuit.


Mais enfin la vapeur par degrés se colore
Des feux du crépuscule et de ceux de l'aurore ;
C'est le jour, le jour brille et le jeune Alessiel
Sent naître dans son cœur un doux regret du ciel.


On dirait qu'il écoute à la voûte infinie
S'il entendra des cieux l'ineffable harmonie ;
Si quelque écho lointain des célestes concerts,
Pour arriver à lui traversera les airs.
Il vous a tant pleures dans l'horreur des supplices,
Accords .majestueux qui faisiez ses délices,